Trois caractères de la vie chrétienne

 

Contenu :

Avant-propos. 1

Lecture de Jean 12 v.1-8. 1

Introduction. 2

La communion. 3

Le service. 7

L'adoration. 9

 

Avant-propos

Ce texte s’inspire d’une méditation parue dans le Messager Evangélique de 1910.

Vous pouvez décharger la publication intégrale de l’article du Messager Evangélique à partir de cette adresse : https://bible.beauport.eu/_data/ME/HTML/1910/ME_1910_31.html

Le sujet traite de la scène où, à Béthanie, Marie joignit les pieds du Seigneur Jésus (Jean 12 v.1-8)

Le texte original a été gardé en grande partie, quelques tournures de phrases ont été légèrement adaptées et quelques explications supplémentaires ont été ajoutées afin d’aider à la compréhension. Aux références à Parole, le document reproduit aussi la citation de la Parole afin d’aider à la compréhension.

Lecture de Jean 12 v.1-8

1 Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. 2 On lui fit donc là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. 3 Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. 4 L’un de ses disciples donc, Judas Iscariote, [fils] de Simon, qui allait le livrer, dit : 5 Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers (1*) et donné aux pauvres ? 6 Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait. 7 Jésus donc dit : Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture (2*).8 Car vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.

(1*)  « denier » : monnaie romaine, salaire d’une journée d’ouvrier agricole, en Palestine.

(2*)  « sépulture » : selon l’emploi du mot dans les Septante : embaumement ; comparer Genèse 50:2, 3.

Introduction

La scène, rappelée dans le passage ci-dessus, illustre, d'une manière frappante, en Lazare, Marthe et Marie, trois caractères de la vie du chrétien sur la terre.

Celui qui forme le centre de ce merveilleux tableau, c'est le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, au moment où, après avoir donné le témoignage le plus éclatant de sa divinité, il est à la veille d'être crucifié.

Quel moment solennel que celui-là !

A quelques jours de la crucifixion, l'orage est prêt à se déchaîner, mais la scène intime que nous révèle ce passage respire la paix la plus parfaite.

Comment n'en serait-il pas ainsi, quand les cœurs, à l'unisson, sont uniquement occupés de Jésus, l'objet de leur commune affection ?

Rejeté de Jérusalem par les chefs de son peuple, il honore de sa présence ceux qui l'ont honoré en le recevant comme le Messie promis ; et ceux-ci ont le privilège de manifester, en de telles circonstances, le prix infini que sa personne a pour eux : chacun, à sa manière, ils lui expriment tous l'amour dont leur cœur est rempli.

Dans ce lieu, témoin de la manifestation de la grâce et de la puissance du Fils de Dieu, on lui fait un souper.

Le Sauveur, à la veille de sa mort, a institué un souperla Cène — à l'intention des siens; il leur a laissé pour le temps de son absence un mémorial de sa mort, de son amour pour eux, de manière à encourager et à réjouir leurs cœurs.

Mais ici, ce sont ses bien-aimés, qui font un souper à son intention. Ils le font loin de la cité, de Jérusalem, qui :

« tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés … » (Matthieu 23 v.37 / Luc 13 v.34)

Dans les circonstances présentes, à six jours de sa mort sur la croix, combien cette manifestation de l'amour des siens dut être sensible au cœur de Christ !

Dans cette scène remarquons avec attention, tout ce qui est caractéristique :

   Celui qui en est l'objet (Le Seigneur Jésus)

   Le moment (juste 6 jours avant sa mort sur la croix)

   Le lieu (Béthanie, 3 Km de Jérusalem, le lieu où Lazare a été ressuscité, où le Seigneur Jésus aimait être)

   Les personnes mentionnées dans ce récit (Lazare, Marthe & Marie)

Portons notre attention surtout sur ces personnes mentionnées, car elles illustrent trois caractères de la vie chrétienne importants à considérer :

La communion (Lazare) – Le service (Marthe) – L’adoration (Marie)

La communion.

Ce premier caractère est personnifié dans Lazare.

Béthanie est le lieu, avons-nous dit, où le Sauveur manifesta sa gloire divine pour la dernière fois, en faisant sortir Lazare du tombeau.

Lazare est manifestement un témoin vivant de la grâce et de la puissance de Christ manifestées en ce lieux, cette maison à Béthanie :

« … Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts » (Jean 12 v.1)

Ce témoin vivant de la grâce et de la puissance de Christ est à table avec Jésus !

Quelle image frappante de la condition du croyant, rendu participant de la vie de Christ !

Par le fait de sa nouvelle naissance, étant né de Dieu et ainsi rendu participant du Saint Esprit, le croyant est amené dans la communion du Fils de Dieu et dans la communion avec le Père :

« … Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, est fidèle. »  (1 Corinthiens 1 v.9)

« … ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi vous ayez communion avec nous : or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jean 1 v.3)

Il en résulte pour le croyant une joie accomplie (*) :

« … nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie (*)» (1 Jean 1 v.4)

« … je viens à toi [le Père], et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient ma joie accomplie (*) en eux-mêmes» (Jean 17 v.13)

(*) « accomplie » = remplie, complétée.

La joie procurée par le pardon, est une chose, celle qui découle de la communion en est une autre !

Tous les croyants connaissent la joie procurée par le pardon :

« Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert ! » (Psaume 32 v.1)

Quant à la joie de la communion, il n’en n’est malheureusement pas de même. Plusieurs croyants semblent l’ignorer, ou le plus souvent, reconnaissons que nous la réalisons bien imparfaitement !

Il y a, pour ainsi dire, deux liens dans la vie chrétienne :

1)  le lien de la vie éternelle est indestructible

« Mes brebis … moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. » (Jean 10 v.27-28)

« … il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. … Dieu … a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3 v.14-16 )

2)  le lien de la communion est si fragile qu'il peut être rompu à chaque instant par manque de vigilance: une mauvaise pensée non jugée suffit pour nous la faire perdre ! Aussi ne négligeons pas les moyens qui sont mis à notre disposition pour le maintien de notre communion avec le Seigneur.

« Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Jean 6 v.56)

Remarque pour aider à comprendre :

Lors de la nouvelle naissance celui qui croit est au bénéfice de 3 choses, acquises par la croix (la mort et la résurrection du Seigneur Jésus) de manière irréversible :

1)   Ce qu’Il a accompli « pour lui » :

a)  Mis à l’abri du jugement

b)  Vaincu Satan, qui n’a pas de prise sur l’homme nouveau

2)   Ce qu’Il a accompli « en lui »

a) Il est mort avec Christ ; le vieil homme a été crucifié avec Lui

b) Il est ressuscité avec Christ : un homme intérieur nouveau prend naissance

3)   Ces points 1 et 2 ont eu un « effet sur lui » : la crucifixion de la chair (puissance active du vieil homme) : « … ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair … » (Galates 5 v.24)

Etant au bénéfice de ces 3 choses, le croyant doit maintenant « marcher sur la terre » : « … marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez pas la convoitise de la chair. » (Galates 5 v.16)

Et pour ce faire, le croyant doit être en communion avec le Seigneur Jésus. Dès que le croyant quitte le domaine de la foi, pour celui de la vue, la chair se met en activité, et la communion avec le Seigneur Jésus, pour marcher par l’Esprit, est perdue !

Comment maintenir et cultiver la communion avec le Seigneur ? C’est en revenant à la croix, là où le croyant a crucifié la chair pour toujours, comme le montre clairement le Seigneur Jésus qui nous dit, parlant du lien indestructible : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle » (Jean 6 v.54), et pour maintenir le lien destructible par l’action de la chair : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Jean 6 v.56).

« Manger Sa chair et boire Son sang », c’est s’identifier intérieurement à ce qui s’est passé à la croix, comme on mange un aliment et boit un breuvage !

Ainsi les moyens donnés de Dieu pour revenir là où nous avons crucifié la chair, ce sont :

La Parole de Dieu et la prière !

Ces 2 choses sont souvent mentionnées ensemble, par exemple :

« … une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. Et elle avait une sœur appelée Marie, qui aussi, s’étant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole … Marthe était distraite par beaucoup de service … étant venue à Jésus, elle dit : Seigneur, ne te soucies-tu pas de ce que ma sœur me laisse toute seule à servir ?  … Jésus, lui répondant, dit : … il n’est besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée.

 

 comme il était en prière dans un certain lieu, il arriva, après qu’il eut cessé, que quelqu’un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier … Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise : Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui présenter ?… et celui qui est dedans, répondant, dira : Ne m’importune pas ; la porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner. — Je vous dis que, bien qu’il ne se lève pas et ne lui en donne pas parce qu’il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin. Et moi, je vous dis : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert. Or quel est le père d’entre vous à qui son fils demandera un pain et qui lui donnera une pierre ? ou aussi, [s’il demande] un poisson, lui donnera, au lieu d’un poisson, un serpent ? ou aussi, s’il demande un œuf, lui donnera un scorpion ?  Si donc vous qui êtes méchants, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus le Père qui est du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » (Luc 10 v.38 à Luc 11 v.13)

Le Seigneur prend soin de les rappeler à ses bien-aimés, avec les effets qui en résultent, en leur donnant les consolations dont leurs cœurs avaient besoin pour le temps de son absence.

Ainsi il nous dit, en rapport avec la Parole :

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jean 14 v.23)

« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie. » (Jean 15 v.10-11)

Quant à la prière, il nous dit :

« … En vérité, en vérité, je vous dis, que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie. » (Jean 16 v.23-24)

Le Seigneur Jésus a laissé les siens dans ce monde, mais Son cœur le porte sans cesse auprès des siens. Le récit de la scène de Béthanie qui nous occupe, nous en donne une image.

C’est dans ce cadre qu’il a dit :

« … là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux» (Mathieu 18 v.20)

« … moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle. » (Mathieu 28 v.20)

Que notre cœur puisse répondre à son amour en réalisant ce qu'Il est pour nous; en jouissant de sa communion !

Lazare à table avec Jésus en est un touchant exemple, lui « le mort, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts » !

Sa personne parle de vie, et sa place à table, de communion, le souper étant un emblème connu de la chose.

Quelle joie pour le cœur de Christ qui veut avoir aussi près de lui que possible les objets de son tendre amour ! et quelle plénitude de bénédictions pour nous !

Il n’est pas surprenant que notre état pratique soit languissant, si nous négligeons de prendre la place que le Seigneur nous donne !  Alors disons à Celui duquel nous nous écartons si facilement :

« Oh ! Seigneur, garde-moi près de Toi ! toujours plus près de Toi ! »

Dans les pires circonstances où un croyant peut se trouver, voici une promesse que rien, ni personne ne peut ôter :

« … si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi» (Apocalypse 3 v.20)

La substance de ce souper est la croix, sa mort, sa résurrection, sa gloire qui se résume en « manger Sa chair et boire Son sang » !

Le service

Nous passons au second caractère de la vie chrétienne qui est symbolisé par Marthe.

Si la communion résulte du fait que nous avons la vie et le Saint Esprit, le vrai service pour le Seigneur découle de la communion; et l'objet de la communion et du service est Christ lui-même.

Marthe servait le Seigneur, à l'intention duquel le souper avait été fait.

La scène relatée ici est différente de celle-ci :

« … une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison … Marthe était distraite par beaucoup de service. Et étant venue à Jésus, elle dit : Seigneur, ne te soucies-tu pas de ce que ma sœur me laisse toute seule à servir ? … Jésus, lui répondant, dit : Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule » (Luc 10 v.38-42)

Entretemps elle a appris à servir comme il convient !

Lorsqu'elle reçut Jésus dans sa maison (Luc 10 v.38-42), son service pour lui était tellement l'objet de ses préoccupations, qu'il se plaçait, en quelque sorte, entre elle et l'hôte divin qu'elle venait de recevoir, de façon à la priver de la bénédiction que celui-ci apportait.

Marie, sa sœur, ne fait pas ainsi; elle choisit la bonne part en honorant le Seigneur de la manière la plus excellente. Aussi a-t-elle son approbation.

Mais Marthe a profité de la leçon et sert ici le Seigneur d'une façon conforme à Ses pensées.

Aussi, dans la scène de Jean 12, aucun reproche ne lui est-il adressé. Son cœur veut se dévouer librement en faveur de Celui qui est l'objet de son affection. C'est ainsi qu'elle éprouve le besoin de la lui témoigner. Elle a appris à le connaître plus intimement, à la suite des circonstances rapportées au chapitre précédent (*).

(*) la résurrection de Lazare

Sa manière de faire nous donne un enseignement que nous ne sommes que trop portés à oublier.

Le Seigneur accorde à ses rachetés le privilège de le servir maintenant dans le déploiement de toute leur activité dans ce monde. Lui-même doit être l'objet de notre cœur et partant de tout notre service ; c'est là ce qui ennoblit le devoir le plus infime et apporte à l'âme qui l'accomplit l'encouragement le plus grand.

Il est important de veiller à ce que notre activité soit le fruit de notre communion avec le Seigneur Jésus. Notre activité n’a de valeur pour Lui qu’à cette condition-là !

Il ne s’agit pas d’un service consistant dans l'accomplissement de choses grandes aux yeux des hommes, et auquel s'emploient une classe particulière de croyants. Non. C'est la part de tous, jeunes ou âgés : nous avons

« été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles » (Ephésiens 2 v.10).

Nous trouvons ces œuvres-là dans le chemin de l'obéissance à la volonté de Dieu, tous les jours de notre pèlerinage dans ce monde. La vie chrétienne est faite de petites choses, dans l'accomplissement desquelles nous avons à être fidèles.

Par contre, il y a des services particuliers, selon le don qu'un croyant peut avoir reçu: l'un peut prêcher l'Evangile, un autre édifier les saints; mais tous, jusqu'au plus obscur racheté, sont appelés à mettre leur vie au service du Seigneur, auquel nous appartenons.

Nous en avons un touchant exemple dans le cas des esclaves, auxquels sont adressées ces exhortations :

« Esclaves, obéissez en toutes choses à vos maîtres selon la chair, ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais en simplicité de cœur, craignant le Seigneur. Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que du Seigneur vous recevrez la récompense de l’héritage : vous servez le seigneur Christ. Car celui qui agit injustement, recevra ce qu’il aura fait injustement ; et il n’y a pas d’acception de personnes. » (Colossiens 3 v.22-25)

S'il y a une condition dans laquelle l'homme ici-bas soit placé, qui soit de nature à mettre un empêchement à servir le Seigneur, c'est certes celle d'esclave. Eh bien! il est rappelé à ceux-ci qu'ils servent le Seigneur Christ.

C'est aux esclaves que le Saint Esprit adresse les exhortations les plus étendues et les plus encourageantes. C'est à eux qu'il est fait mention de la récompense de l'héritage, remarquons-le.

La récompense est rappelée pour stimuler, au sein des difficultés, ceux qui sont engagés dans le service par amour pour leur Maître et par obéissance à sa volonté. La récompense est le fruit de la fidélité, de quelque nature qu'ait été le devoir accompli. Il est rappelé aussi aux maîtres chrétiens qu'ils ont un maître dans les cieux qu'ils ont le privilège de servir, en accordant même à leurs esclaves ce qui est juste et équitable.

On le voit, la vie entière du croyant dans tous ses détails est un continuel service pour le Seigneur.

En somme, nous sommes exhortés …

« … par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent» (Romains 12 v.1)

« si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen. » (1 Pierre 4 v.11)

L'adoration

Nous passons, pour terminer, à la troisième chose caractérisant la vie chrétienne dans ce monde : l’adoration.

C’est la partie la plus élevée du service chrétien et qui se réalisera d'une manière parfaite par les rachetés, dans la gloire céleste.

L'objet de l'adoration, comme celui du service, est Christ lui-même et le Père auquel nous avons été amenés; et elle découle, comme le service, de la communion avec le Seigneur.

Si le besoin du croyant, dirigé par l'Esprit de Dieu, est de servir sans cesse, il éprouvera aussi le besoin, non moins pressant, de lui offrir directement ce qui lui est si justement dû : le parfum de l'adoration.

Dans la scène placée devant nous, l'adoration occupe la place la plus importante, à l’inverse de celle que nous sommes portés à lui accorder.

On fera parfois une large part à l'évangélisation ou au service — choses bien importantes sans doute — et l'on reléguera peut-être l'adoration à l'arrière-plan.

Une note discordante se fait entendre : Judas disqualifie tristement l'acte de Marie, en venant jeter sur elle le blâme le plus ingrat. Mais le Seigneur a soin de faire ressortir la valeur d'un tel acte, accompli en vue de lui-même, dans les circonstances il se trouvait.

L'adoration suppose l'intelligence des pensées de Dieu relativement à la personne de Christ, intelligence acquise graduellement par la parole de Dieu, nourriture de l'âme régénérée !

« Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie … désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon ; duquel vous approchant comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. » (1 Pierre 2 v.1-5)

L’apôtre Pierre invite ainsi les croyant à désirer avec ardeur cette nourriture spirituelle tirée de la Parole de Dieu, afin de croître dans la pleine jouissance de tout ce qui est relatif au salut (*) !

(*) Le salut va plus loin que simplement être sauvé, mais d’avoir la jouissance de tout ce que Christ a acquis pour le croyant à la croix ! Salut qui sera pleinement réalisé lorsque le croyant sera dans la présence du Seigneur Jésus, lors de sa venue !

Cette croissance étant, le racheté, participant de la vie de Christ, s'approche de lui comme d'une pierre vivante de la maison de Dieu, et réalise aussi la sainte sacrificature à laquelle il est appelé, en offrant des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ.

Marie a goûté que le Seigneur est bon et a appris de lui, à ses pieds :

« … Et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. Et elle avait une sœur appelée Marie, qui aussi, s’étant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole … Marthe … étant venue à Jésus, elle dit : …  Dis-lui donc qu’elle m’aide. Et Jésus, lui répondant, dit : Marthe … il n’est besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée. » (Luc 10 v.38-42)

Mûrie par l'épreuve, elle a une intelligence plus grande de la personne de Christ et des circonstances du moment. Son affection pour lui augmente à mesure que la haine des chefs religieux augmente, et elle l'exprime dans un acte dont Jésus seul comprend la portée.

Quelqu'un l'a remarqué : C'est la seule fois que le Sauveur fut compris par les siens, lorsqu'il était ici-bas : Marie comprend, non seulement la solennité du moment, mais elle a connaissance de l'auguste personne dont on faisait si peu de cas.

Elle tient à honorer dignement le Fils de Dieu, son Sauveur, en lui consacrant ce qu'elle a de plus précieux; et elle fait cela avec toute la dignité requise :

Elle a pris une livre de parfum de nard pur, de grand prix, pour oindre les pieds de Jésus, et elle les essuie avec ses cheveux.

De quelle valeur fut un tel acte — unique en son genre — pour le cœur de Christ, en ce moment-là ! Nous avons là l'expression de l'attachement le plus grand, de l'appréciation la plus complète.

Marie affirmait d'une façon silencieuse, mais réelle, que Celui qui allait être crucifié était son tout.

Les paroles font quelquefois défaut pour exprimer ce que le cœur ressent, c'est alors que l'adoration, semblable au trop plein d'une coupe qui se répand, s'élève à Celui qui seul est digne d'en être l'objet. Ici, l'âme jouit de la bénédiction suprême : le donateur est son trésor, et heureuse en lui, elle s'exprime dans l'adoration qui lui est due.

Ce service commence ici-bas, mais il se poursuivra sans fin dans la perfection de la présence du Seigneur. Il est la preuve la plus évidente que le cœur est parfaitement heureux dans la contemplation de l'objet de son amour.

Si nos âmes, comme celle de Marie, savent se placer en esprit aux pieds du Fils de Dieu pour lui rendre hommage, ceux qui nous entourent en éprouveront les effets : l'entourage sera imprégné de l'odeur du parfum, du parfum d'une âme qui apprécie Christ.

Puissions-nous être conduits à apprécier ainsi notre Seigneur, Celui devant lequel les anciens tombent sur leurs faces pour lui rendre hommage ! :

 « les vingt-quatre anciens tomberont sur leurs faces devant celui qui est assis sur le trône, et se prosterneront devant celui qui vit aux siècles des siècles ; et ils jetteront leurs couronnes devant le trône, disant : Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, et l’honneur, et la puissance ; car c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est à cause de ta volonté qu’elles étaient, et qu’elles furent créées. » (Apocalypse 4 v.10-11)

 

 

Ah! qu'à tes pieds, Seigneur, je reste,

Et qu'ici-bas, ma faible voix

Exalte, unie au chœur céleste,

Le Fils de Dieu mort sur la croix.