Le sépulcre

Cette suite de messages est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée :

« Simon Pierre »

Accès aux différents chapitres:

Avant-propos

Chapitre 1 - «Je suis un homme pécheur »

Chapitre 2 - Pierre marchant sur les eaux

Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ

Chapitre 4 - Venir après lui

Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire

Chapitre 6 - La maison du Père

Chapitre 7 - La relation avec le Fils

Chapitre 8 - Sacrificature et communion

Chapitre 9 - Pierre entre en tentation

Chapitre 10 - Le sépulcre

Chapitre 11 - Le service

Chapitre 12 - L'âme restaurée

Chapitre 13 - Suis-moi


 

Chapitre 10 - Le sépulcre

 

Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre. Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis. Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. Et ils couraient les deux ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ; et s’étant baissé, il voit les linges à terre ; cependant il n’entra pas. Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive ; et il entra dans le sépulcre ; et il voit les linges à terre, et le suaire qui avait été sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part. Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut ; car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts. Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Comme elle pleurait donc, elle se baissa dans le sépulcre ; et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Et ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur*, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai. Jésus lui dit : Marie ! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut dire, maître). Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces choses. (Jean 20 v.1-18)

 

Quelques femmes et le disciple bien-aimé avaient assisté au dernier acte de la croix. Avant de baisser la tête et de remettre son esprit, le Seigneur avait prononcé cette parole: « C'est accompli ». Bénédiction d'une portée infinie pour le cœur des disciples, qui recevaient ainsi l'assurance d'un amour divin prenant en pitié leur état et ayant fait à tout prix ce qui était nécessaire pour y pourvoir. C'est accompli ! une telle œuvre ne laissait rien à faire. La croix ne pouvait plus garder la victime. Joseph d'Arimathée et Nicodème sont les instruments choisis de Dieu pour donner au Sauveur une place avec le riche dans son sépulcre, et c'est là que nous mène le passage que nous venons de lire.

En effet, connaître un amour qui avait fait descendre pour eux le Seigneur jusque dans la mort, n'était pas tout, il restait un grand point à connaître : que contenait le sépulcre ? La mort qu'avait-elle fait du Sauveur, ou bien le Sauveur qu'avait-il fait de la mort ? Si le tombeau l'avait retenu, son œuvre était vaine et pas un seul de ceux pour lesquels il s'était donné n'était acquitté, ni justifié.

Marie trouve le sépulcre ouvert, Pierre et Jean constatent qu'il est vide. Pierre entre et voit ; les attributs de la mort sont là, témoignant par leur présence que la mort n'a pu retenir sa proie, et qu'elle est vaincue, d'une victoire paisible, sans lutte et sans combat. Le suaire était plié dans un lieu à part, comme on fait d'un vêtement quand on s'apprête à sortir. La preuve du « c'est accompli » était livrée ; l'amour qui avait entrepris l'œuvre, l'avait menée à bonne fin, et les disciples qui ne connaissaient pas encore l'Ecriture, sont convaincus par le témoignage de leurs yeux ; ils croient et s'en retournent à la maison avec la connaissance d'une œuvre désormais terminée.

C'est beaucoup, sans doute, mais à la confusion des deux disciples, c'est peu en comparaison de ce que trouve au sépulcre une pauvre femme ignorante. Marie de Magdala, témoin dans sa personne de l'amour de Christ qui l'avait délivrée de sept démons, aimait le Seigneur d'une affection produite par la grandeur d'un tel amour, et qui dépassait de bien loin sa connaissance. Heureuse femme après tout, car la connaissance de Pierre et de Jean peut s'attacher à une œuvre et en être satisfaite, l'affection de Marie ne le peut ; il lui faut autre chose, elle veut la personne qui est son objet. Pierre qui était entré dans le sépulcre, n'y avait vu que les linges et le suaire ; Marie, cherchant une personne, se baisse en pleurant dans le tombeau et voit des anges. Les linges avaient suffi aux disciples, mais les anges ne suffisent pas à Marie. Même en leur présence, et sans attendre leur réponse, elle se retourne, car il lui faut son Seigneur. D'abord son ignorance complète des choses qui « devaient arriver », l'empêche de le reconnaître, mais « Jésus lui dit : Marie », — un seul mot Marie.

Quoi d'étonnant qu'il pût y avoir un lien d'affection de Marie à Jésus ! que la personne si parfaite du Sauveur a attiré toutes les pensées et tout l'amour d'un être ignorant et imparfait, et surtout quand cet être avait été l'objet de tels bienfaits et d'une si grande délivrance ! Mais qu’un lien d’affection soit révélé de la part de Jésus à l’égard de cet être ignorant qu’était Marie, voilà la chose merveilleuse ! Entre des milliers de milliers, il la connaissait par son nom comme sa brebis ! Il démontre qu’il se rappelait de sa brebis la plus misérable. Elle s'écrie : Maître ! Il répond, non pas : Va vers mes serviteurs, mais ; «Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ». L'affection de Marie, en s'attachant à Christ, a trouvé une révélation plus grande que toutes celles que Pierre avait reçues jusque-là. L'amour qui s'attache à sa personne devient le dépositaire d'une connaissance plus étendue.

Avec la simple connaissance de son œuvre, les disciples s'en étaient retournés chez eux ; avec l'amour qui s'attachait à sa personne, Marie de Magdala avait trouvé aux pieds du Sauveur, la connaissance des résultats les plus glorieux de son sacrifice !

Et voilà pourquoi Pierre et Jean jouent un rôle si effacé dans cette scène ; une faible femme, restant dans la modestie de son rôle, les devance. Leurs pieds sont prompts, sans doute, pour les mener au sépulcre ; Marie, la première, a connu le chemin qui mène directement au Père et, revenant sur ses pas avec cette merveilleuse révélation, en a porté le message aux disciples !

 

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Chapitre 11 - Le service