La maison du Père

Cette suite de messages est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée :

« Simon Pierre »

Accès aux différents chapitres:

Avant-propos

Chapitre 1 - «Je suis un homme pécheur »

Chapitre 2 - Pierre marchant sur les eaux

Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ

Chapitre 4 - Venir après lui

Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire

Chapitre 6 - La maison du Père

Chapitre 7 - La relation avec le Fils

Chapitre 8 - Sacrificature et communion

Chapitre 9 - Pierre entre en tentation

Chapitre 10 - Le sépulcre

Chapitre 11 - Le service

Chapitre 12 - L'âme restaurée

Chapitre 13 - Suis-moi


 

Chapitre 6 - La maison du Père

 

Et comme il disait ces choses, une nuée vint et les couvrit ; et ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée. Et il y eut une voix venant de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Et la voix s’étant fait entendre, Jésus se trouva seul. Et ils se turent, et ne rapportèrent en ces jours-là à personne rien de ce qu’ils avaient vu. (Luc 9 v.34-36)

 

Nous venons de voir comment les disciples furent appelés à jouir de la gloire de Christ avant le moment de sa manifestation. Cette scène, dont ils ne comprenaient pas alors la portée, devait plus tard servir d'appui à l'autorité de leur apostolat. A ce point de vue, nous n'avons pas été appelés à la contempler, et nous ne la connaissons que sur leur témoignage ; mais nous avons aussi notre scène actuelle de gloire ; car il est dit que « nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Corinthiens 3 v.18).

Toutefois, la sainte montagne n'est pas seulement la scène de la vision future ou de la contemplation présente de la gloire, elle offre aux disciples une part intime avec Christ. Ce Pierre qui, peu de jours auparavant, avait encouru la réprimande du Seigneur, est appelé par grâce à entrer avec ses compagnons là où jamais homme n'était entré avant eux. La nuée couvre les disciples, et ils y entrent avec Jésus. Chose terrible pour un Juif ! Comment ne pas avoir « peur » de pénétrer en la présence de Jéhovah, dont la nuée était la demeure solitaire ? Comment ne pas trembler en se souvenant que même le souverain sacrificateur devait, pour ne pas mourir, s'envelopper d'un nuage d'encens, quand il se présentait dans le sanctuaire devant Dieu ?

NB. L’auteur fait appel à lévitique 16, décrivant la cérémonie du grand jour des propitiations. Et tout particulièrement le verset 13 « …  il mettra l’encens sur le feu, devant l’Éternel, pour que la nuée de l’encens couvre le propitiatoire qui est sur le témoignage, afin qu’il ne meure pas. »

Mais que les disciples peuvent maintenant se rassurer : la nuée n'est plus désormais pour eux la demeure du Jéhovah d'Israël, elle est la maison du Père ! La présence de Christ dans la nuée avec eux est le moyen de leur révéler le nom de Celui qui y habite. Ils deviennent, non seulement comme Moïse et Elie, les compagnons du Fils de l'homme dans sa gloire, mais du Fils dans la maison de son Père. Demeurer dans la gloire est, de fait, une bénédiction future qu'aucun saint, même endormi, n'a encore atteinte ; demeurer dans la maison du Père est une part présente aussi bien que future. Si je puis dire en parlant de l'avenir : « Mon habitation sera dans la maison de l'Eternel pour de longs jours » (Psaumes 23 v.6), je puis tout aussi bien m'écrier, en parlant du présent: «J'ai demandé une chose à l'Eternel, je la rechercherai: c'est que j'habite dans la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l'Eternel et pour m'enquérir diligemment de lui dans son temple» (Psaumes 27 v.4). C'est dans cette maison du Père, qu'à peine converti, le fils prodigue est introduit ; c'est là que, revêtu de la plus belle robe, et marchant dans la dignité de fils, il lui est donné d'avoir part à tous les biens du Père et à la joie qu'il a de les lui communiquer. Cette maison est la demeure secrète de la communion. Dans la transfiguration, bien des choses attiraient les regards des disciples : le visage de Christ resplendissant, comme le soleil, ses vêtements blancs comme la lumière, Moïse et Elie, ces personnages fameux, paraissant en gloire. Dans la nuée, rien de semblable. Comme Paul ravi dans le paradis, les disciples ne voient rien, car Moïse et Elie disparaissent ; mais c'est pour qu'ils puissent prêter leur attention tout entière à une parole dans laquelle toute la pensée de Dieu se résume.

Tant qu'il voyait Moïse et Elie, Pierre oubliait la prééminence de Christ. « Faisons trois tentes », dit-il. Comme tant de chrétiens le font d'une manière inconsciente, il voulait mettre la loi [représentée par Moïse] et les prophètes [représentés par Elie] au même niveau que Christ, en les associant avec lui. Pauvre disciple ! comme il se montre peu digne de ce spectacle ! Ses paroles, son sommeil et sa crainte, trahissaient l'état de son âme ! Plus la perfection de Jésus resplendissait, plus les imperfections de Pierre se multipliaient. Jusqu'à ce qu'il arrive au plein jugement de lui-même, nous le trouvons ainsi dans chaque occasion. L'Esprit lui communique la puissance, la chair la lui ôte ; l'Esprit lui donne la connaissance, la chair se montre ignorante, surtout de la croix ; l'Esprit lui fait contempler la gloire, la chair rabaisse cette gloire au niveau d'hommes qui ont failli. Il en sera de même dans la scène des didrachmes, et au souper, et en Gethsémané, et dans la cour du prétoire, jusqu'à ce que Pierre ait appris ce qu'est la chair et reçu la puissance d'en haut.

Mais la gloire magnifique, au lieu de repousser les disciples, les attire à Christ, les place à ses pieds comme disciples, en leur disant : « Ecoutez-le », et Pierre, avec les autres, est introduit dans les pensées du Père au sujet du Fils de son amour. Oui, la maison du Père est le lieu de cette révélation.

Les disciples, nous l'avons dit, y entendent une seule parole, brève expression de la pensée que la présence du Fils fait sortir de la bouche du Père, mais un mot qui résume tout ce qui se trouve dans son cœur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ».

Telle est notre bénédiction actuelle. Nous avons reçu la communication du secret du Père ; il nous a introduits dans une intimité avec lui qui sera plus complètement goûtée, mais ne pourra pas être plus grande dans l'état éternel. Là, nous verrons tout le déploiement de la gloire de Christ et nous serons vus dans cette gloire, mais maintenant nous sommes dépositaires de la pensée du Père nous révélant le Fils, du Père que le Fils nous révèle. La voix s'étant fait entendre, Jésus reste seul avec nous. En l'écoutant, nous apprendrons toujours mieux ce que le Père est pour lui et pour nous.

 

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Chapitre 7 - La relation avec le Fils